Histoire littéraire
-
Sommaire
Philippe ANTOINE, Présentation
Christine FERLAMPIN-ACHER, Se promène-t-on dans les romands médiévaux avant 1450?
François ROUDAUT, Note sur le mot "promenade" chez quelques lexicographes des XVe et XVIe siècles
Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD, La promenade, quel exercice pour les voyageurs de la Renaissance?
Jean-Pierre DUPOUY, Je m'alloys pourmenant: présence de la promenade dans la poésie française de la seconde moitié du XVIe siècle.
Arlette GIRAULT-FRUET, Promenades sur le tillac dans les navigations d'autrefois (XVIe-XVIIIe siècles)
Sylvie RÉQUÉMORA-GROS, Voyager vent debout: paradoxes d'un "charmant voyage"
Jacques CORMIER, La "Promenade" dans Les Illustres Françaises de Robert Challe (1713)
Sylvianne ALBERTAN-COPPOLA, Itinéraires romanesques ou Marianne au pays du moi
Béatrice DIDIER, La promenade selon Jean-Jacques
Pierre OUTERS, De Paris aux îles et des îles à Paris. L'écriture de la promenade chez les poètes créoles du XVIIIe siècle (Parny, Bertin et Léonard)
Marius WARHOLM HAUGEN, "Une promenade dans une autre partie du monde". La promenade comme pratique et figure chez Jean Potocki
Michel BRIX, Nerval et le rôle politique du flâneur
Guy TRIGALOT, Victor Pavie, promeneur romantique
Pierre-Jean DUFIEF, Edmond de Goncourt, piéton de Paris sous le Siège et la Commune
Carlota VICENS-PUJOL, Quand l'intertexte devient guide. Le cas de Mayorquine d'Ernest Gaubert
Frank Lestringant, La promenade d'André Gide en U.R.S.S.
Maurice DELCROIX, La Promenade sur la dune
Sébastien BAUDOIN, Fascinations et métamorphoses de la route : le point de vue du promeneur dans les Terres du Couchant de Julien Gracq
Elizaveta LEGENKOVA et Tatiana TAÏMANOVA, Promenades avec Pouchkine d'Abram Tertz, vicissitudes du genre au XXe siècle
Bruno TRISTMANS, Pèlerinages rhapsodiques (Jacques Lacarrière, Jean-Claude Bourlès)
Madeleine BERTAUD, Les promenades toscanes de François Cheng
Catherine NESCI, La promenade émancipatrice. Ecriture et évasion dans Ombre sultane d'Assia Djebar
Ecrire la promenade. L'approche panoramique qui est celle de ce volume des Travaux de Littérature propose en premier lieu un parcours chronologique, qui mène du Moyen Age au XXIe siècle. Ce fil directeur ancre le propos dans une histoire des représentations qu'il faut évidemment prendre en compte pour aborder la mise en mots d'une pratique, par définition culturelle et située. Il est possible cependant de se laisser guider par d'autres logiques, génériques par exemple, ou encore thématiques. On s'apercevra alors qu'il n'était pas tout à fait arbitraire de faire cohabiter dans un même ensemble des oeuvres de factures très différentes. Elles partagent sans doute bien des traits (que l'on peut vraisemblablement attribuer également à la promenade) : liberté, plaisir, curiosité, égotisme... La proportion de tel ou tel "ingrédient" varie selon que l'on parle de tel ou tel. Mais il existe peut-être, dans notre littérature, une sorte de communauté des promeneurs. Ce livre voudrait y donner accès, de manière nécessairement partielle, et convaincre de l'intérêt qu'il y a à fréquenter une telle compagnie.
-
Tenter de communiquer l’incommunicable, c’est se frotter à un paradoxe. Car si le langage est général, le « fond de l’âme » est singulier, et seule est authentique l’expérience vécue dans le silence. Vouloir la dire, c’est se livrer au code des signes quotidiens ; quant à la taire, comme disait Sartre, « ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore ». Si l’on ne sort pas du langage, ne pourrait-on en faire un usage différent, souverain, non assujetti aux normes de l’échange – trouver un langage qui ferait semblant de dire quelque chose mais qui ne communiquerait rien que de l’incommunicable ? Fondé sur de nombreux documents inédits, le présent ouvrage analyse comment, par l’élaboration d’un simulacre de langage ou « pur média », Klossowski parvient à dépasser les tergiversations de Gide, hésitant à dire ou à taire son uranisme, les fureurs de Bataille ou Sade, assimilant destruction et pureté, pour retrouver enfin l’innocence nietzschéenne créatrice de dieux.
-
Quelles sont au juste les lectures scientifiques de Du Bartas ? A quels auteurs emprunte-t-il directement, quels autres lui sont connus de seconde main, par le truchement de vulgarisateurs ? Comment s’inscrit-il dans la longue tradition encyclopédique léguée par l’Antiquité et enrichie par le Moyen Age ? A quel traitement soumet-il cette ample matière scientifique, revisitée par l’Humanisme, pour lui donner forme littéraire ? En recourant à quels procédés linguistiques, rhétoriques, poétiques ? A quelle(s) fin(s) ? Et dans quelle mesure parvient-il à faire de La Sepmaine, suivant la célèbre, quoique tardive, définition du Brief Advertissement, une œuvre non seulement « en partie Heroïque, en partie Panegirique, en partie Prophetique » mais encore « en partie Didascalique » ?
Autant de questions abordées à Orléans, en juin 2014, en hommage à Yvonne Bellenger, par une douzaine de spécialistes de Du Bartas, à qui il n’avait plus été consacré de rencontres particulières depuis plus de vingt ans.
-
Table des matières
Sylvain Cornic, Pierre Servet, "Introduction"
Antoine Biscéré, "Splendeurs et misères de la conciliation: l'appropriation néolatine de l'héritage ésopique"
Mathieu de la Gorce, "Le conciliateur et le conciliant. Rejet et imitation du discours de conciliation dans la polémique protestante des années 1535-1565"
Déborah Knop, "La conciliatio, entre exorde et disgression: Montaigne, Essais, II, 25, "De ne contrefaire le malade""
Francis Goyet, "Le discours de (re)conciliatio (Junius, 1598): enjeux politiques d'une analyse rhétorique"
Natacha Salliot, "Divergences confessionnelles et tentatives de conciliation en France (XVIe-XVIIe siècles). L'exemple du dialogue Le Pacifique... de 1590"
Stéphane Macé, "L'amplificatio, l'attenuatio et l'exercice de la conciliation: l'exemple des lettres et poèmes de consolation du premier XVIIe siècle"
Patrick Dandrey, "Le classicisme conciliateur. L'exemple de La Fontaine"
Aurélia Gaillard, "La fable (ou fiction fabuleuse) aux XVIIe et XVIIIe siècles entre allégorie et analogie: une écriture du détour ou de la conciliation?"
Cécile Lignereux, "La douceur comme stratégie de conciliation épistolaire"
Stéphanie Bernier-Tomas, "Aspects de la conciliation dans le conte en vers au XVIIe siècle"
Sylvain Menant, " Voltaire, une écriture de la conciliation?"
Audrey Guitton, "La voix secrète des sens ou le tableau tahitien du Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot"
Sylvianne Remi-Giraud, "Approche lexicographique, sémantique et diachronique de concilier et conciliation
Après la polémique, cette nouvelle livraison des Cahiers du GADGES se tourne vers la conciliation, rencontrée naturellement dans le cadre de la réflexion précédente comme dynamique de l'équilibre des contraires. Les treize contributions présentées ici, qui ont jalonné et nourri deux années de recherche en séminaire, mettent au jour les facettes et les évolutions d'une notion plus complexe que l'image floue d'attitude psychologique et morale à laquelle on la déduit trop souvent. L'analyse de la conciliation, conçue d'abord comme un discours codifié, par les rhétoriciens montre bien le rôle de ce qui est à la fois une forme et un élément de stratégie, qu'on se place dans le contexte politique d'une guerre civile ou dans le cadre des controverses religieuses. Elle peut alors être dénoncée comme une manipulation, et comme un masque ambigu qui rapproche en même temps qu'il tente d'exclure ou de convertir. Elle est aussi un détour nécessaire pour approcher un auditoire sans le heurter par une attitude moralisante: travail de la dispositio chez Montaigne, alliance de l'amplificatio et de l'attenuatio dans la consolation, écriture de la douceur maternelle chez Mme de Sévigné. Cette notion-clé de la morale du classicisme ressortit aussi à une esthétique soucieuse d'équilibre et d'harmonie, en particulier dans la tension entre la culture ancienne et le goût du temps, déjà sensible dans le traitement de l'héritage ésopique au XVIe siècle. La conciliation possède donc une dimension proprement poétique qui se fait jour dans les jeux de l'écriture (euphémisme, contamination du narratif et du dramatique, conjonction de l'héroïque et du galant, du laconisme et de la gaité pour la fable), et surtout dans le travail des genres, qui se retrouve au coeur de la problématique. Les stratégies d'adaptation au public, à l'oeuvre en particulier dans le dialogue, la fable, le conte, prennent chez Voltaire la dimension d'une véritable "diplomatie de l'esprit" au service d'une action. La complexité des conceptions et des pratiques de la conciliation, reflétée dans ses aspects lexicographiques et sémantiques, le fait apparaître comme résolution mais aussi comme instrument du polémique. C'est sans doute dans cette conscience fort ancienne de ses pouvoirs que prend racine la pragmatique moderne de la communication.
-
Sommaire / Contents
Cesare Segre, 4 avril 1928 - 16 mars 2014 (Michel ZINK)
Olivier DELSAUX, "Qu'est-ce qu'un escripvain au Moyen Âge? Étude d'un polysème "
Phyllis GAFFNEY, "Le géant à l'arc et l'enfant à l'olifant: contexte et sens d'un passage de la chanson de Mainet"
Mattia CAVAGNA, Massimiliano GAGGERO, Yan GREUB, "La tradition manuscrite de l'Ovide moralisé. Prolégomènes à une nouvelle édition"
MÉLANGES
Roberto CRESPO, "Couronnement de Louis, v. 163"
lan SHORT, "Sur l'identité de Frère Angier"
DISCUSSION
Richard TRACHSLER, "Nouvelles recherches sur Guiron le Courtois. À propos de trois livres récents"
COMPTES RENDUS
Translatar i transferir. La transmissió dels textos i el saber (1200-1500), edició a cura d'A. Alberni, L. Badia i L. Cabré (Gabriele GIANNINI). Faire court, l'esthétique de la brièveté dans la littérature du Moyen Âge, éds. Catherine Croizy-Naquet, Laurence Harf-Lancner et Michelle
Szkilnik (Estelle DOUDET)
Valeria BERTOLUCCI PIZZORUSSO, Scritture di viaggio. Relazioni di viaggiatori e altre testimonianze letterarie e documentarie (Michèle GUÊRET- LAFERTÊ)
Frankwalt MÖHREN, Thomas STÄDTLER, Stephen DÖRR, Sabine TITTEL, Dictionnaire étymologique de l'ancien français (Robert MARTIN)
Joseph BÊDIER, Le Roman de Tristan et Iseut, édition critique par Alain Corbellari (Mireille DEMAULES)
Elisabeth SCHULZE-BUSACKER, La Didactique profane au Moyen Âge (Pierre-Yves BADEL)
PÉRIODIQUES
Zeitschrift für romanische Philologie, t. 129, 2013 (Pierre-Yves BADEL)
Cesare Segre, 4 avril 1928 - 16 mars 2014 (Michel ZINK)
Olivier DELSAUX, "Qu'est-ce qu'un escripvain au Moyen Âge? Étude d'un polysème "
Phyllis GAFFNEY, "Le géant à l'arc et l'enfant à l'olifant: contexte et sens d'un passage de la chanson de Mainet"
Mattia CAVAGNA, Massimiliano GAGGERO, Yan GREUB, "La tradition manuscrite de l'Ovide moralisé. Prolégomènes à une nouvelle édition"
MÉLANGES
Roberto CRESPO, "Couronnement de Louis, v. 163"
lan SHORT, "Sur l'identité de Frère Angier"
DISCUSSION
Richard TRACHSLER, "Nouvelles recherches sur Guiron le Courtois. À propos de trois livres récents"
COMPTES RENDUS
Translatar i transferir. La transmissió dels textos i el saber (1200-1500), edició a cura d'A. Alberni, L. Badia i L. Cabré (Gabriele GIANNINI). Faire court, l'esthétique de la brièveté dans la littérature du Moyen Âge, éds. Catherine Croizy-Naquet, Laurence Harf-Lancner et Michelle
Szkilnik (Estelle DOUDET)
Valeria BERTOLUCCI PIZZORUSSO, Scritture di viaggio. Relazioni di viaggiatori e altre testimonianze letterarie e documentarie (Michèle GUÊRET- LAFERTÊ)
Frankwalt MÖHREN, Thomas STÄDTLER, Stephen DÖRR, Sabine TITTEL, Dictionnaire étymologique de l'ancien français (Robert MARTIN)
Joseph BÊDIER, Le Roman de Tristan et Iseut, édition critique par Alain Corbellari (Mireille DEMAULES)
Elisabeth SCHULZE-BUSACKER, La Didactique profane au Moyen Âge (Pierre-Yves BADEL)
PÉRIODIQUES
Zeitschrift für romanische Philologie, t. 129, 2013 (Pierre-Yves BADEL)
-
TABLE DES MATIÈRES
Introduction de Mathieu Ferrand et Nathaël Istasse
HUMANISME ET ENSEIGNEMENT
J. Lecointe, « François Dubois et l’enseignement de la poésie au collège de Montaigu »
N. Istasse, Joannes Ravisius Textor : entre pédagogie et poétique »
M.-F. André, « Nicolas Bérauld, professeur de droit humaniste »
M.-D. Couzinet, « L a “conjonction” entre les disciplines chez Pierre de La Ramée »
M.M. Fontaine, « Une génération sacrifiée : les régents de collège du deuxième tiers du XVIe siècle en France »
LES "APOLLONS DE COLLÈGE", PROFESSEURS ET POÈTES
P. Galand, « Orphée a l’école: le poète-pédagogue, de Politien à ses émules français »
J. Pendergrass, « Guillaume Castel, poète et éducateur au collège de Bourgogne »
A. Laimé, « Les vies parallèles ( ?) de Nicolas Petit et Jean Des Fossés, au miroir des Elegiae de redemptione humana (Paris, Jean Petit, 1517) »
E. Gauthier (C.E.S.R. de Tours), « Un professeur et poète du début du XVIe siècle : Nicolas Barthélemy de Loches »
C. Langlois-Pézeret, « Gilbert Ducher, Apollon d’Aigueperse, poète et principal de collège dans les années 1530 à Lyon »
P. Ford, « George Buchanan et la poésie d’amitié»
V. Leroux, « Le Julius Caesar de Muret : une tragédie de collège »
J. Nassichuk, « Références à l’enseignement dans les épigrammes et hendécasyllabes de Nicolas Chesneau (1553) »
L'HUMANISTE AU MIROIR, L'HUMANISTE AU COMBAT
S. Laigneau-Fontaine, « L’image du professeur dans l’oeuvre de Nicolas Bourbon : un idéal humaniste »
M. Ferrand, « Rôles et images de professeurs dans le théâtre des collèges. Le Dialogus longe facetissimus (Paris, c. 1533) »
J.-E. Girot, « Les contributions des humanistes de collège la querelle de Marot et de Sagon (1534-1537) »
M. Magnien, « Itinéraire d’un « hussard noir » de l’Humanisme : le cas Robert Breton (c. 1510 –c. 1545) »
M. Huchon, « Figures du professeur humaniste chez Rabelais »
Index nominum
Index perum
Index collegiorum
En 1942, Lucien Febvre publiait le Problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais. L’ouvrage, devenu un classique, a permis de mettre au jour l’œuvre abondante des professeurs de collège français qui, dans les premières décennies du XVIe siècle, se firent humanistes et poètes latins. Pourtant, si l’historien fut l’« inventeur » de ces « Apollons de collège », au sens archéologique du terme, il afficha surtout à leur égard un mépris dont ils ont longtemps souffert. Évoquant en particulier l’« énorme, stupéfiante et candide vanité » de ces latinistes fervents, qui croyaient fermement en leur propre génie, il dénonça l’ennui que suscitait immanquablement, selon lui, la lecture de leurs vers. Lapproche de Lucien Febvre procédait cependant d’un postulat très juste : nulle enquête de fond sur l’univers mental de Rabelais ne pouvait faire l’économie d’une telle exploration.
Le présent volume se propose de croiser les regards de ercheurs qui s’intéressent aux personnalités, aux pratiques pédagogiques et aux écrits de ces professeurs et poètes de la première moitié du XVIe siècle. Il s’agit en particulier de saisir, dans leurs réalités concrètes et humaines, les relations qu’entretiennent la culture humaniste et la culture scolaire, Apollon et l’Ecole. Le monde des collèges, rompu aux méthodes scolastiques, mais ouvert à celles de la philologie moderne, apparaît alors comme un lieu d’élaboration, d’exp©rimentation et de transmission de savoirs et de pratiques intellectuelles dont le collège des lecteurs royaux - fondé par Guillaume Budé et François Ier - n’a été que le prolongement le plus prestigieux. Rabelais, qui fréquenta assidûment ce mnde-là, en fut, à bien des égards, l’enfant turbulent et génial.
-
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Dominique Barthélemy et Rolf Grosse
Introduction
André Vauchez
Biographie et autobiographie au Moyen Âge
Walter Berschin
Les démons de Valère du Bierzo (VIIe siècle)
Patrick Henriet
Rathier de Vérone, détracteur et démon de lui-même
Rolf Grosse
Abélard, un moine sans démons ?
Jacques Verger
Relire Raoul Glaber
Jacques Dalarun
André de Fleury et les démons
Dominique Barthélemy
Othlon de Saint-Emmeran. La vie comme épreuve de la négativité
Thierry Lesieur
Guibert de Nogent et ses démons. Entre la psychologie et la sorcellerie
Jay Rubenstein
La peur du pèlerin dans l’au-delà. Un regard sur l’hagiographie ibérique
Klaus Herbers
Un combat singulier dans l’image. Moines et moniales face aux démons aux XIe et XIIe siècles
Florence Chave-Mahir
L’abbé Richalm de Schöntal placé sous la haute surveillance des démons
Paul Gerhard Schmidt (†)
Conclusion
Jean-Claude Schmitt
Annexe
1. Raoul Glaber, Histoires, V.1 à 5
2. Othlon de Saint-Emmeran, Livre des visions, IV
3. Guibert de Nogent, Monodies, I.26
4. Richalm de Schöntal, Liber revelationum, 2
Index des noms de lieux et de personnes
Liste des contributeurs
Table des illustrations
Les moines du Moyen Âge, ainsi que beaucoup de clercs, ont vécu dans l'angoisse de la faute, commise ou à commettre sous l'emprise des démons, qui risquerait de leur faire perdre le bénéfice de leur ascèse. Il leur arrive de livrer au lecteur, souvent par petites touches et parfois d'abondance, l'histoire de leur vigilance et des tentations subies - par où ils se rapprochent un peu, quoique pas totalement, des modernes autobiographies.
Le présent recueil réunit onze essais, écrits par des historiens français, allemands et américains, encadrés par une introduction d'André Vauchez et une conclusion de Jean-Claude Schmitt. Chacun de ces essais concerne une oeuvre particulière, parfois très connue (Raoul Glaber, Guilbert de Nogent, Pierre Abélard, objets de lectures novatrices), parfois beaucoup moins (de Valère du Bierzo à Richalm de Schöntal, le lecteur fera des découvertes). Il n'y a pas autant de démons partout, ni de penchant autobiographique, mais cette variété même paraît suggestive. Une étude iconographique sur l'exorcisme, due à Florence Chave-Mahir, complète l'ensemble en présentant et commentant des images saisissantes.
-
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Avant-propos
Et je ne portai plus d’autre habit
Le vêtement signe
Texte, texture
La vie, la mort, naissance et résurrection
La République de Platon : Er l’Arménien
Le livre X de la République
Postel, Winslow, Grotius
L’Arménien au fil des lectures
Lectures d’enfance
Autres lectures
Le bonnet d’Arménien: Rousseau libre, mage et divin
L’affranchi
Le magicien
Polyeucte
Le dieu Lunus
« Plus d’à moitié femme », le dieu androgyne et le tissage social
Le commerçant et le religieux : la « xéniteia » de Rousseau
Errant, étranger et étrange
Le moine errant oriental
Le commerçant
Commerce et religion
Remonter au Déluge
Poussin et le Déluge
Vies parallèles
Rousseau spectateur du Déluge
Henri Meister
François Favre et Bernardin de Saint Pierre : la figure maternelle
Madame d’Epinay
Temps et lieux : Rousseau dans le paysage arméno-suisse
Déluge et mélancolie : de l’urine et des larmes
De Chardin à la Lycanthropie
Transmutation et dédoublement : Er l’Arménien, encore
La peinture de Ramsay, le cyclope et le bonnet de Rabelais
Caractère musical : l’Arménien de Venise ou le moi neutre
Hospitalité en guise de conclusion
Liste des illustrations – crédits photographiques
Index
Rousseau décida un jour de s’habiller en Arménien. Il déclara : « Et je ne portai plus d’autre habit ». Il était nécessaire d’examiner ce choix vestimentaire décisif à la lumière de l’œuvre, incluant l’expérience vécue et les lectures du philosophe, pour montrer que loin de ressortir au caprice ou à l’utilitaire, loin d’être anecdotique, l’habit arménien s’accorde avec l’univers de pensée de Rousseau. C’est l’habit qu’il habite.
Les différentes dimensions symboliques de l’habit arménien examinées ici confèrent à ce choix vestimentaire une valeur de signe, éclairant les questions philosophiques et politiques cruciales aux yeux de Rousseau : l’immortalité de l’âme, le commerce entre les hommes. Lhabit arménien recouvre le moi physique, imaginaire, musical et spirituel du citoyen de Genève, il lui procure l’aura du mage, l’animalise et le divinise tout à la fois. Seul l’habit arménien aura montré Rousseau dans toute la vérité de snature et l’aura désigné comme ce qu’il est : « autre ».
Mots-clés : vêtement, arménien, bonnet, lycanthropie, déluge, immortalité de l’âme, commerçant, moine, résurrection, représentation.
-
En 2010, l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) a fêté son cinquantième anniversaire. Le moment semble venu, après ce demi-siècle d’existence, d’un retour théorique et critique sur cette drôle d’avant-garde, dont la diffusion est aujourd’hui bien réelle, en France et à l’étranger.
Le propos de ce livre est ainsi historique et littéraire – pour suggérer, par exemple, que la contrainte d’écriture a sans doute, pour l’Oulipo, le statut d’un imaginaire mathématique du texte, beaucoup plus que d’un modèle effectif –, mais aussi poétique – pour poser en particulier le problème du style, très rarement abordé, s’agissant d’écritures où la question de la contrainte semble devoir occuper tout le champ des approches formelles. Un tel parcours – qui ne se limitera pas aux œuvres désormais canoniques de Georges Perec, Raymond Queneau et Jacques Roubaud – permettra de montrer à quel point le « formalisme » oulipien dépasse le champ de l’expérimentation ludique auquel on le cantonne (et auquel il se cantonne lui-même) trop souvent : il faut alors redonner au terme de contrainte son acception architecturale, pour comprendre qu’il n’est pas anodin que la dernière anthologie oulipienne (publi©e en 2009) s’ouvre sur une série de variations « sur un thème de Marcel Proust », et considérer que l’objet même des contraintes, fût-il ironiquement réfracté, consiste in fine – pas si loin de l’entreprise proustienne – à (re)donner une forme au Temps.
une forme au Temps.
-
La tragédie, c’est bien connu, finit mal. Au point que le terme « tragique » définit désormais tout événement funeste et sanglant. Mais la fin malheureuse n’a pas toujours été un élément essentiel du genre. C’est seulement lors de sa renaissance moderne que le dénouement malheureux a acquis une telle importance et ceci, en dépit de son manque de bienséance morale: si la tragédie finit mal, c’est que le héros, contre toute attente, n’est pas récompensé pour ses vertus et que les actions du méchant ne reçoivent pas la punition escomptée. Le dénouement malheureux est efficace, car il suscite la surprise et le pathos. Mais il contrevient aux conventions éthiques qui règlent la poétique renaissante: il n’est pas exemplaire. Par l’étude de la tragédie européenne de la première modernité, et plus spécifiquement de la théorie et de la pratique du genre en Italie, en France et en Espagne, cet ouvrage entend expliquer pourquoi le dénouement malheureux devient l’élément essentiel du genre au moment même où toute forme de poésie se doit d’être exemplaire. La tragédie moderne exprimerait alors la contradiction entre ce qui devrait être et ce qui est, en relevant l’écart qui sépare la foi en la providence divine et l’évidence de l’échec, de l’injustice et du malheur.